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Brendan et le secret de Kells (2010)

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Je lisais une critique sur le film d’animation « Rebelle » dans le Canard enchaîné qui comparait le dernier Pixar à un film d’animation européen de 2012 (belgo-franco-irlandais plus exactement), lui aussi d’inspiration celtique, « Brendan et le Secret de Kells ». En substance, la critique disait que le Pixar était moins poétique et moins enchanteur que « Brendan et le Secret de Kells ». Sachant que je m’étais spécialisé dans mes études sur l’Irlande, l’Écosse et l’Angleterre du 6e au 10e siècle, cela m’a titillé.
J’ai donc visionné « Brendan et le Secret de Kells », un film d’animation mettant en scène une Irlande entre menace viking, effervescence intellectuelle des monastères chrétiens et persistances païennes. On y suit un petit moinillon, Brendan, qui a perdu ses parents dans une attaque viking et qui n’a pas le droit de sortir de l’abbaye. Il est passionné par le travail des moines copistes et des enlumineurs. Et quand le frère Aidan, maître enlumineur, arrive à Kells avec un livre mythique inachevé, tout bascule.

Ce petit film d’animation est une merveille de poésie, de beauté. Le parti pris graphique, s’inspirant des enluminures du Livre de Kells, est atypique mais au final sublime. L’histoire est celle de la survie du savoir et de l’art dans un monde dominé par la peur et la barbarie. On vogue entre merveilleux chrétien et féerique, car saints et fées sont les alliés de Brendan contre l’obscurité qui engouffre le monde avec l’invasion viking. L’hsitoire est invoquée (tout est rigoureux d’un point de vue historique), mariant avec intelligence l’imaginaire irlandais qu’il soit chrétien ou polythéiste. Ce n’est pas l’histoire d’un héros guerrier, ce n’est pas l’histoire d’un mage, c’est l’histoire d’un enfant qui aime les livres, qui veut les offrir au monde et qui veut les enchanter grâce à l’art de l’enluminure. Et c’est beau. On y rit, on y sourit, on y est transporté et on y pleure (il y a une scène avec les moines copistes et des paysans réfugiés dans une église qui m’a bouleversé). Il y a des rencontres, des amitiés et la mort. Ce film d’animation ne cache rien de la vie, mais le tout avec poésie et sensibilité.

En bref, ce film est devenu une de mes références en film d’animation : les graphismes sont merveilleux, le traitement de l’histoire est poétique et la narration prend le spectateur, enfant ou adulte, pour un être intelligent et sensible. Une merveille que j’ai adoré.