[Lecture] La cité du soleil et autres récits héliotropes (Ugo Bellagamba)

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J’ai lu cette semaine, sur ma liseuse numérique kobo touch, ce recueil de trois novellas écrit par Ugo Bellagamba et publié aux éditions du Bélial (qui sont pour moi l’une des grandes maisons de SFFF en France actuellement avec l’Atalante entre autres d’un point de vue qualité… mais l’Atalante n’est pas encore passé au numérique : ceci est un appel d’un fan !).

J’ai lu avec gourmandise ce recueil d’Ugo Bellagamba. Ce fut un bon moment de lectures mais les trois novellas du recueil sont inégales.

Mais avant tout, une critique générale. Les N majuscules en début de phrase ont été transformés en M majuscule dans la troisième novella (“Dernier filament pour Andromède “) et il y a un usage aléatoire des majuscules pour les gentilités, surtout dans la première novella (“La cité du soleil” où on peut lire “les étrusques et les romains” sans majuscules et deux lignes en dessous “les Grecs” avec une majuscule) et je ne suis pas certain qu’une de ses affirmations historiques sur les civilisations pre-incaïques soit orthodoxe (bon, ok, il suit une théorie existante disant que Tiwanaku a survécu jusqu’au XIVe siècle, mais en général on estime que la civilisation de Tiwanaku a disparu au XIIe siècle même si le site a pu être encore habité après).  Ces petites erreurs de forme ne nuisent pas trop au texte même si le fait qu’Ugo Bellagamba est Maître de Conférence en histoire du droit et qu’il semble montré une connaissance du monde élitiste universitaire français nous fait espérer un texte parfait sur la forme (pour sa défense, il faut savoir que j’ai lu juste avant ses novellas divers rapports de jury d’agrégation qui pointaient ce souci sur les majuscules aux gentilités). Mais c’est peut être dû au passage au format e-pub (le coup des N transformés en M, ça c’est quasi-sûr) et je suis un enquiquineur de première sur ce coup (et on peut me jeter la pierre vu que je dois faire bien pire, mais j’aime être paradoxal).

Maintenant, passons aux compliments. J’ai découvert un bel auteur et j’en suis ravi.

Étudions de mon point de vue ces novellas :

« La cité du soleil » :  Un très beau récit dans lequel on suit un femme qui cherche son amoureux disparu dans  un  quête insensée. La caractérisation des personnages  est géniale mais la fin du roman, en forme de phrase d’action ambigüe qui laisse au lecteur le choix de ce qu’il se passe, ne m’a pas convaincu. La faute sans doute au fait que le thème est une passion d’Ugo Bellagamba vu que c’était aussi son sujet de DEA. La novella m’a cependant interrogé même si le coup de la foi à la fin m’a troublé (car rien n’amenait dans la nouvelle à cela) et ensuite je me demande comment Richelieu a construit cela. A moins qu’il y ait une métaphore sur la mort que je n’ai pas vue. Bref, je demeure sur ma faim avec cette novella car elle commence merveilleusement bien en m’immergeant dans le récit et la fin m’a gêné, me sortant du récit comme si j’avais loupé des clefs pour comprendre la chute.

« L’apopis républicain » : une uchronie sur un empire napoléonien ayant survécu jusqu’au 21e siècle et qui envoie une mission sur Titan. Il y a de la religion égyptienne, des artefacts religieux, du Bonaparte, une révolution, des francs-maçons… etc. Elle est géniale. Impeccable de mon point de vue. Je n’en dis pas plus, il faut la lire. Pour les connaisseurs de l’Antiquité et des langues grecque et latine, le nom des personnages sont des jeux narratifs assez sympas à mon sens (bon pas sûr que l’expression « jeux narratifs » soit correcte).

« Dernier filament pour Andromède » : La nouvelle la plus SF et la plus inventive et originale du recueil. J’ai adoré. Apparemment, Ugo Bellagamba a le même goût que moi pour les théories astrophysiciennes. Je peux comprendre que la nouvelle rebute mais pourtant elle est magnifique. Il faut la lire, soit ça passe, soit ça casse.

Voilà, un joli recueil, pas exempt de défauts mais qui a la qualité d’être inventif et original et servi par une très belle langue et un joli style. Apparemment, ce sont les premiers écrits d’Ugo (à me confirmer), je vais donc me lancer dans la lecture de son Tancrède  comme un ami me le conseillait il y a 2 ans.

 

 

Une réponse "

  1. Lu il y a un moment maintenant, et je suis assez d’accord avec toi …
    J’ai trouvé la première novella assez habile du point de vue des personnages (je crois qu’elle a fait l’objet d’une re-écriture dans la version que tu as lue, y compris dans son édition Folio-SF). Peut-être même ce qu’il y avait de mieux dans cette histoire. Quant à la Cité du Soleil, ce que j’en ai appris ici m’est resté comme une vague poésie politique un peu absconse. Mais cela m’a donné envie de découvrir et de lire des choses sur « l’utopie ».

    Moins accroché sur l’Apopis, mais de bons moments, de belles images (toujours les images, moi, à défaut de connaître correctement mon Histoire !).

    Perdu en chemin sur « Dernier filament … ». Pour l’exercice de style, j’ai été partagé entre ennui(avoir sué sang et eau pour écrire ceci) et admiration (avoir sué sang et eau pour écrire ceci) ; admiration pour avoir intégré toute cette dimension scientifique (on croirait que je prends le mot du bout des doigts – la paresse d’un « vrai » littéraire, (si c’est la seule manière d’affirmer qu’on n’est pas scientifique) un peu honteux).
    C’est un absolu un peu trop « mathématique » pour moi, avec une conclusion un peu « facile ».

    Vivent les guillemets.

    Il y a d’autres nouvelles de Bellagamba parues dans Bifrost : Chimères ! , Quirites, Quand il y aura des pommiers sur Mars … et d’autres plus anciennes encore publiées sous le pseudonyme de Michaël Rheyss, il me semble.

    Beaucoup aimé Tancrède, sinon !

    • C’était une de tes critiques sur un forum qui m’avait amené à m’intéressé à Tancrède. Donc merci.
      Pour ces nouvelles, « Derniers filaments pour Andromède », c’est tout le souci des nouvelles qui touchent un peu à la hard-science (même si cette nouvelle n’est pas de la hard science pour moi). Beaucoup de gens y sont déroutés.

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